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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

La VOD de la semaine : The myth of the American sleepover

19 Juin 2020, 09:03am

Publié par PCF Villepinte

L'HumanitéVendredi, 19 Juin, 2020

Vincent Ostria

Pourquoi y a-t'il des teen movies aux États-Unis, mais pas vraiment en Europe ? Tout simplement parce que le cinéma américain, reflet de sa société, est archi-codifié. Avec une flopée de genres et de sous-genres. 

The myth of the American sleepover, titre de ce premier film inédit en salle de David Robert Mitchell, remarqué comme un des plus intrigants nouveaux auteurs yankees avec It follows et Under the Silver Lake, se réfère à un rituel de l'adolescence américaine, le « sleepover », traduit en français par “soirée pyjama”. Quelque chose de bon enfant, malgré un peu d'alcool et de batifolage.

C'est une telle nuit que décrit essentiellement ce film, qui n'a rien de frivole ni de crado. On est loin d’ American Pie. Étonnant de classe et de dignité, ce film ne détaille pas outre mesure ses intrigues psychologiques. L'intérêt du cinéaste se situe ailleurs : principalement dans le filmage d'un écheveau de déambulations et de rencontres au cœur de la nuit dans la banlieue résidentielle de Detroit. Mitchell met en scène la folle grâce de ces ados avec une caméra  fluide qui prélude aux horreurs et mystères de ses films suivants. On suit divers personnages allant de fête en fête, errant dans la nuit, se baignant, explorant des tunnels.

Tout semble en place en place pour un film d'horreur type « Halloween »,  ou pour un thriller — on pense parfois à un étrange film noir adolescent, Brick, de Rian Johnson, où un lycéen mène une sombre enquête dans son école. Ici même une séance de spiritisme se solde par un quiproquo sentimental. D’ailleurs les intrigues amoureuses ne sont jamais abouties. Sur ce plan, le film s'avère d'une grande subtilité. Voir le cas de Rob, garçon plutôt réservé, qui passe une partie de la nuit à chercher une jolie blonde aperçue au supermarché. Lorsqu'il la trouve enfin, il remarque qu’elle a sur le bras deux numéros de téléphone inscrits au stylo. Trop de prétendants ! Cela suffit à faire fuir Rob, qui se rabattra sur une fille moins populaire. Non seulement on ne couche pas, mais il n'est pas si simple d'embrasser.

Ces hésitations, cette délicatesse des uns et des autres,  singularisent  ce premier film incompris par certains critiques. Comme celui de The Observer, Rex Reed,  qui avait écrit : “Ce jeune réalisateur [...] n'a jamais réalisé de fiction et ne montre aucune aptitude dans ce domaine”. On ne pouvait pas mieux se planter. Reed a loupé un des réalisateurs les plus prometteurs de Hollywood, qui démontrait que les faux-semblants et la mélancolie avaient aussi leur place dans l’univers pop et fruité des teenagers.

 

 

The myth of the American sleepover de David Robert Mitchell. États-Unis, 2010, 1 h 33.

A voir en VOD sur universcine.com

 

 

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