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« Privilégiés » :
les mots de la doxa libérale ont la vie dure et collent comme le sparadrap du capitaine Haddock. Nous avons l’habitude des campagnes mensongères, qui polluent l’espace public. Martelez, il en reste toujours quelque chose… Les médias dominants et toute la cohorte des experts afférents s’en donnent à cœur joie pour dire leur mépris des salariés de la SNCF, au fil de leur credo qu’ils répètent comme les prières d’un chapelet. C’est bien sûr « à cause » des syndicats et du « statut » des employés que la SNCF va mal. Les voilà donc, ces « privilégiés » de cheminots, agités comme des chiffons rouges. Cela ne vous rappelle rien ? Que n’entend-on pas à propos des « salauds de pauvres », des « chômeurs fainéants », des « grévistes preneurs d’otage », des « fonctionnaires assistés » ? Trois décennies de matraquage idéologique et de diffusion en boucle d’un catéchisme antisocial. Le but : obtenir la résignation du plus grand nombre. Toute contre-réforme de choc conduisant à une grande marche arrière des droits est précédée et accompagnée par une bataille des représentations, bref, une propagande massive qui vise à préparer les esprits au démantèlement des politiques sociales et à la destruction progressive du modèle français de solidarité…
La mise en cause du rail tricolore est emblématique de la méthode employée pour porter un coup décisif à un grand service public. SNCF : cette mort sur ordonnances… Une privatisation qui ne dit pas son nom, doublée d’un autoritarisme politique sans bornes. L’exécutif ne manque pas d’air : le Code du travail, la formation professionnelle, l’apprentissage, l’assurance-chômage, l’hôpital, l’immigration, le baccalauréat, la SNCF, bientôt la justice, l’audiovisuel, la Constitution, etc. Macron, c’est la version française du fameux Tina (There is no alternative) de Thatcher. La feuille de route est bel et bien une attaque globale d’ampleur historique. La riposte des syndicats de la SNCF s’annonce à la hauteur de l’enjeu. La bataille de l’opinion en faveur des services publics, elle, commence à peine en vérité. Elle ne sera pas moins décisive.