Libye, Côte d'Ivoire, les illusions de la guerre
L’édition d’avril de La lettre des Relations Internationales du PCF vient de sortir (télécharger). Nous en publions ici l’éditorial de Jacques Fath, responsable des Relations internationales du PCF.
Avec l’échec majeur des logiques de guerre en Irak et en Afghanistan, on pouvait penser que, fort de ces expériences dramatiques virant au fiasco stratégique, les autorités françaises choisiraient d’autres voies. Il n’en est rien.
Lorsque Nicolas Sarkozy avait annoncé sa volonté de réinsérer la France dans sa « famille occidentale », on avait compris l’intention : adopter de façon décomplexée le modèle Bush militariste et néo-impérial. Il s’en est suivi la réintégration complète de la France dans l’organisation militaire de l’OTAN, le renforcement des troupes françaises en Afghanistan et l’installation d’une base dans le Golfe arabo-persique, en face de l’Iran. La France choisissait de s’insérer dans les objectifs et dans les zones de guerre américaines.
Avec ce ré-alignement pro-américain, les autorités françaises cherchaient à affirmer un rôle de puissance d’influence dans un monde de plus en plus complexe et contradictoire. La crispation sur la dissuasion nucléaire ne faisait que le confirmer.
14 avril 2011
Aujourd’hui, N. Sarkozy est dans l’impasse. Se placer dans le sillage de Washington pour faire la guerre en Afghanistan est une chose (déjà très problématique), mais être aux avant-postes militaires en Libye et en Côte d’Ivoire avec la prétention néo-coloniale d’imposer une issue par la force et par l’instrumentalisation de l’ONU, en est une autre. Par quel miracle la France réussirait-elle en Afrique ce que les États-Unis ne sont pas capables de faire au Moyen -Orient ? Les crises et les conflits d’aujourd’hui ont des causes multiples : économique, sociales, idéologiques, politiques… Ce ne sont pas des guerres à gagner.
Le monde arabe nous le rappelle : ce sont les exigences du développement, de l’égalité, de la justice sociale, de la démocratie auxquelles il faut répondre.
Ce qui est fondamentalement en jeu, c’est un nouvel ordre international impliquant la redéfinition des conditions de la résolution des conflits, de la coopération et de la sécurité internationales, l’affirmation d’un véritable multilatéralisme comme effort collectif de long terme. Le nouvel état du monde oblige à une transformation radicale dans la conception même des relations internationales.