Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Hôpital: serment d’hypocrites

26 Février 2013, 07:50am

Publié par PCF Villepinte

Social-Eco - le 25 Février 2013

Editorial Par Jean-Emmanuel Ducoin

 

 

"Il n’est plus possible de continuer à diminuer les coûts, sauf à refuser d’assumer l’offre 
de soins actuelle", estime Jean-Emmanuel Ducoin, dans l'édito de l'Humanité de ce lundi, qui dévoile que 35.000 emplois vont être supprimés entre 2013 et 2014 dans les hôpitaux publics français.

«Je quitte les urgences.» Nous lisons l’humble et fragile témoignage avec la rage au ventre. «J’ai travaillé 70 heures par semaine pendant trente ans, je pense qu’on a le droit de m’écouter.» Celle qui parle porte en elle des âges de combat dans un écrin de tristesse. «Plus ça allait, plus les urgences étaient chargées, et plus les responsabilités devenaient trop lourdes pour un seul médecin, la nuit.» Les vérités relatées ici ne se découvrent que par pur esprit de responsabilité. «On nous a dit qu’on ne pouvait pas demander des médecins supplémentaires et qu’on nous enverrait une commission pour vérifier.» Quand l’injustice se mêle à l’incompréhension. «Mais ils ne sont jamais venus voir comment cela se passait…» Elle s’appelle Marie-Anne Babé. Lassée, exténuée et surtout révoltée, elle vient de démissionner de son poste de chef du service des urgences du centre hospitalier de Roubaix, 
85 000 patients par an. Elle réclamait une hausse 
des effectifs. Elle n’a pas été écoutée. Alors son monde 
a vacillé. Pas la haute idée qu’elle se fait de son métier…

Dans le flot des futilités médiacratiques qui nous éloignent de l’essentiel, l’information est, hélas, un peu passée inaperçue. Pourtant, la fracassante démission de cette femme de cinquante-neuf ans pourrait à elle seule nous servir d’illustration emblématique. Allons précisément à l’essentiel. L’ampleur de la catastrophe dans nos hôpitaux tient en effet en quelques chiffres. Des chiffres qui donnent le vertige, tant ils paraissent invraisemblables… En 2013, 20 000 emplois devraient être supprimés. En 2014, 15 000 de plus. Vous avez bien lu: 35 000 postes sacrifiés en deux ans! Pour comprendre la profondeur de la saignée, ajoutons que, en cinq ans, ce seront ainsi pas moins de 50 000 postes qui auront été rayés de la carte hospitalière. Autant de moyens en moins. Autant de travail en plus. Autant de stress et d’heures cumulés. Autant de drames à éviter. Parce que l’hôpital, c’est du sérieux. Parce que la santé, c’est une priorité absolue. Ne plus être à la hauteur d’une des missions les plus sacrées de notre société – l’égalité des soins et les moyens pour atteindre l’excellence – devrait être considéré comme un scandale de la République !

Dans ce secteur aussi, qui meurt à petit feu 
des politiques austéritaires, un vrai espoir avait surgi des urnes, au soir du 6 mai dernier. La nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine, voulait ouvrir «le chantier de l’hôpital» et ne manquait pas de formules rassurantes. «Je ne vois pas en quoi un système de santé serait plus fort 
si l’hôpital est plus faible, estimait-elle. Consacrer les valeurs de service public, c’est d’abord dire que l’hôpital n’est pas une entreprise.» Bravo pour les engagements philosophiques. Souhaitons que ce ne soit pas là serment d’hypocrites!

Car les faits sont têtus. Récemment, dans une novlangue sociale-libérale typique, Jean-Marc Ayrault a parlé de la santé en souhaitant que le déficit de la Sécurité sociale «reste dans les clous». Vocabulaire déplacé. Vision limitée. Rien à voir, en tous les cas, avec cet enjeu de civilisation qu’est la médecine et qui nécessite d’en finir, vite, avec l’alternative suivante: ou défendre son hôpital au détriment de la Sécurité sociale, ou défendre la Sécu au détriment de son hôpital… Sans changement de logique, ce service public majeur est bel et bien en danger. Il n’est plus possible de continuer à diminuer les coûts, à faire des « économies de personnels », sauf à refuser d’assumer l’offre de soins actuelle. Et pendant ce temps-là ? Il est prévu d’octroyer 500 millions d’euros de crédits d’impôts aux cliniques privées. Devinez: pas un centime pour les hôpitaux publics…

  • A lire aussi:

Ce lundi dans l'Humanité, sos hôpitaux

"1000 emplois sont sacrifiés tous les ans dans les hôpitaux à Paris"

La politique périnatale française en situation d'échec

Jean-Emmanuel Ducoin

Commenter cet article