Cantonales: les citoyens auront le dernier mot
Politique - le 25 Mars 2011
Analyse: les enjeux des élections cantonales, à deux jours du second scrutin.
Le premier tour des élections cantonales a délivré un premier message : un rejet profond de la politique de Nicolas Sarkozy qui s’est traduit par de mauvais résultats pour l’UMP et pour de nombreux candidats divers droite ayant pourtant pris soin de ne pas s’afficher officiellement pour les couleurs du parti présidentiel. Le découragement, la désespérance, la colère qui parcourent l’opinion publique ont fait franchir un nouveau degré à l’abstention (56%). Une telle désaffection des bureaux de vote est un symptôme d’une crise de confiance dans la politique et les institutions, mais d’une certaine manière, le pouvoir et les médias dominants, notamment l’audiovisuel public, par le silence entretenu sur les enjeux des élections cantonales, sur la campagne elle-même, portent une grave responsabilité pour ce trop faible engagement citoyen.
- Appels du pied de Sarkozy au FN
Le parti présidentiel, qui emprunte au Front National tous ses thèmes de prédilection, voit une part de son audience électorale siphonnée par les candidats du FN qui pourraient obtenir des élus, faute d’un sursaut citoyen à la hauteur du danger. Une question à laquelle va répondre le second tour sera de savoir dans quelle mesure les appels du pied de Nicolas Sarkozy, hostile à tout front républicain anti-FN , et les dérapages contrôlés de Claude Guéant seront suivis par des transferts de voix entre électorats, UMP et FN, dans la perspective d’autres collusions.
- Les forces de gauche plutôt confortées du premier round.
La gauche préside actuellement 58 départements. Elle pourrait l’emporter dans 60 conseils généraux. En effet, dans quatre départements elle pourrait chasser la droite : Jura, Pyrénées, Loire, Savoie, mais au moins deux pourraient basculer de gauche à droite : le Val d’Oise et la Seine- et-Marne. Parmi les départements gérés par la gauche, deux ont des présidents communistes : l’Allier et le Val-de-Marne. Dans ces deux départements, les candidats PCF, en lice dans le cadre du Front de gauche, ont renforcé leur assise.
Le Front de gauche, créé en 2009 subissait sa première épreuve du feu au niveau cantonal ( après les européennes et les régionales). Il est en progression, passant d’une moyenne de 7,8 % pour le PCF en 2004 à 9 % aujourd’hui. Au passage, il supplante les Europe-Ecologie/les verts, comme deuxième composante à gauche après le Parti socialiste.
- Unions et désunions
Dès le soir du premier tour, toute la gauche a affiché son unité. Martine Aubry (PS), Cécile Duflot( EE-LV) et Pierre Laurent (PCF) ont appelé les électeurs de gauche à se mobiliser autour des candidats de gauche arrivés en tête au premier tour. Un appel largement entendu dans le pays, en dépit de très regrettables exceptions. Les Verts n’ont pas respecté cette discipline à laquelle les électeurs de gauche sont si attachés, dans 37 cantons. Deux départements de longue tradition ouvrière et progressiste souffrent d’entorses notables : le Val-de-Marne où EE LV maintient ses candidats à Villejuif, Fontenay et Ivry : la Seine-Saint-Denis, où EELV reste en lice à Saint-Denis avec le soutien déclaré de l’UMP et du Modem, et à Aubervilliers, où le PS fait de même.
Le second tour dimanche va-t-il amplifier les tendances du premier tour ? Va-t-il endiguer la montée d’un FN qui jouit d’une promotion médiatique sans précédent ? Cela dépendra de la prise de conscience des citoyens attachés aux valeurs de la gauche et de la démocratie.
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