Le texte est ensuite soumis à deux bédéistes. « Ce n’est pas une bande-dessinée classique, explique Kiel, dessinateur. Chaque histoire compte huit planches dans lesquelles il faut incorporer le texte, c’est un compromis difficile, mais le texte est notre priorité. » Le résultat est une BD assez bavarde : pas de bulles ici, mais un récit à la première personne qui entoure le dessin.

Auto-éditée par l’association, cette BD sert d’outil pédagogique pour aller à la rencontre des adolescents. Frédéric Praud, qui a créée l’association Parole d’hommes et de femmes en 2002, parcourt les collèges et lycées pour y faire témoigner des migrants et réagir les élèves. « On donne un rôle éducatif aux migrants et on aide les jeunes à se construire en les valorisant » explique t’il.

Les témoins confirment. Gongo-Soumboulou Koné, 69 ans, a accepté de raconter sa vie tout en gardant son « jardin secret » dit-il avec malice. Pour ce « militant » - comme il se définit, témoigner est un prolongement de son engagement en faveur des déplacements humains. « On ne peut ni stopper ni juguler l’immigration, plaide ce Sénégalais arrivé en France en 1963. Les hirondelles sont africaines, mais, en été, traversent les frontières pour venir chercher à manger en Europe. Tout être vivant bouge, il n’y a que les objets pour rester toujours à la même place. » Pour le premier tome, l’association est intervenue dans 110 établissements scolaires et a vendu 2000 bande-dessinées. Ce deuxième tome sort à 4000 exemplaires.

Article paru dans l'Humanité du 23 août 2011